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Extrait :

Mémoire de la ville sans nom

"A Devadar cité rose triste je tournais sur des remparts où des statues de femmes figuraient les phases d'une danse rituelle dont le sens s'est perdu comme s'était perdue l'eau des puits
Devadar abandonnée donc je ne me lassais pas de ce silence environné de charognards je longeais des gourbis béants des bazars dévastés de petits temples jonchés de poussière de fleurs je m'accroupissais dans des recoins d'escaliers je commençais d'attendre ah ! mon âme caméléon
Rien n'arriva Devadar était vide et sans menace le charme de ses roses tournants de ses ombres bleues me persuadaient de vêtir les haillons du maître de ces lieux
Mais rien n'arrive et Djek paraît si lointain et Khirian et Coronada de jour en jour d'année en année perdu dans l'immense abandon de ma royauté que les noms mêmes de mes passions se confondent
A Devadar cité triste où je faillis demeurer
"

Editions Pierre Belfond, Paris, 1983.