A Kénalon II

Extrait :

"Ambassadeur ostracistique d'un empire qui n'a plus cours, tu t'engages dans les hautes vallées de la montagne, en quête de la dernière vallée.

Cependant le Ciel comme les tombes demeurent silencieux. Ne s'en déduise que solitude, solitude unanime, mais toi certes l'appeleur n'aurais-tu droit à la Voix ?

Droit obligé, c'est pour les urnes pâturaires. Poète honoraire d'un lointain khan crevé de beuveries, que pourrais-tu chercher, hors le silence, le magique silence ?

Pourquoi y aurait-il une dernière vallée ?

Débarquant à Breisach une fin d'après-midi torride, il gravit les escaliers qui mènent au Dôme, y pénétra, s'assit parmi les vieilles gens qui psalmodiaient les litanies en ancien allemand. Et quoiqu'il ne comprît rien, son élévation fut telle qu'il entendit. Quoi ? Sut-il le dire ? Les paroles d'en-haut, qu'elles nous viennent des arbres ou des temples - un soir à la Mehmet Camii avec les orants harassés du labeur et les gosses rieurs dans la cour et les couchés au pied du mausolée -, les paroles d'en-haut l'autre, qu'elles viennent en la colère juste ou le juste abandon, nous traversent et puis nous laissent, peu de cendre."

Editions Le Taillis Pré, Châtelineau, 2005.